Gaëtane Palardy

Connaissez-vous l’expression « être un fin gourmet »? On l’utilise couramment pour caractériser une personne qui sait distinguer et apprécier la bonne cuisine et les bons vins. Au-delà de savoir distinguer et apprécier la bonne cuisine et les bons vins, Gaëtane Palardy a à cœur de mettre nos papilles en éveil en nous amenant à la rencontre des producteurs passionnés de la vallée de Comox. La dégustation des produits du terroir et de la cuisine locale a une saveur particulière lorsqu’on sait d’où et comment est fabriqué le contenu de notre assiette.

Gaëtane est née à Montréal et au fur et à mesure des années, elle s’est forgée une expérience unique en restauration et hôtellerie partout au Canada, de Montréal à Prince George en passant par le poste de sous-chef à l’hôtel Fairmont de Vancouver. Après avoir accompagné les athlètes canadiens lors des jeux olympiques de Pékin en 2008 en tant que gérante du Bistro Olympique du Canada, elle est venue s’installer dans la vallée de Comox pour être plus proche des producteurs de qualité et a créé Island Gourmet Trail. Depuis son installation, elle très impliquée dans la vie communautaire locale et s’est vue attribuer le prix de la meilleure entrepreneure de l’année par le Business Examiner en 2011.

Quelles raisons t’ont poussée à fonder Island Gourmet Trails?
J’ai une grande expérience en restauration et hôtellerie, à la fois au Québec et ici en Colombie-Britannique. Ce qui m’a poussée à venir m’installer dans la vallée de Comox, c’est la qualité et la variété des produits : j’avais le désir d’être proche des producteurs et de créer le lien entre les consommateurs et les producteurs locaux. J’aime voyager et quand je voyage, j’aime faire des visites guidées en lien avec la nourriture et les produits du terroir. J’aime organiser les tours et faire connaître les produits et les producteurs aux visiteurs. Aider à faciliter les échanges entre les visiteurs et les producteurs locaux est une façon pour moi de m’impliquer dans la communauté.

En quoi consiste ton travail auprès de tes clients? J’offre plusieurs services :
L’organisation de tours ou tournées gourmandes : Je suis une liaison et permets aux producteurs locaux qui ont une passion et produisent des produits de qualité de le partager avec les visiteurs ou les consommateurs curieux. Il y a environ 400 fermes dans la région et je ne travaille pas avec toutes : je sélectionne parmi elles les producteurs les plus passionnés, experts dans le domaine et qui ont à cœur de partager leur savoir-faire.

Des formations en tourisme et sécurité alimentaire : J’ai enseigné 8 ans dans un collège, mais aujourd’hui je préfère me concentrer sur des cours ou formations sur demande. Ce qui me permet de toucher une plus large clientèle, je donne des cours à des groupes aussi variés que le CRFM par exemple où il y avait des jeunes étudiants et des adultes, ainsi qu’au club Evergreen pour les aînés à Courtenay. J’aime adapter mon cours à cette pluralité de clients : je rencontre et échange avec plusieurs personnes de 14 à 90 ans et d’origines diverses. À Vancouver, je donne des cours aux nouveaux arrivants et c’est toujours intéressant d’écouter leurs histoires ou encore quelles sont les normes alimentaires dans leur pays d’origine. J’enseigne depuis plus de 15 ans des cours sur la salubrité des aliments et je suis la seule formatrice qui offre la formation « Food Safe » et « SuperHost » (service à la clientèle et tourisme) en français dans la province, ce qui me donne l’occasion de visiter plusieurs régions de la province et du Yukon.

De la consultation : Mon expérience extensive en Restauration et hôtellerie me permet d’offrir un service de consultation. Je peux aider de nouveaux entrepreneurs qui ont un projet en restauration, que ce soit à définir les étapes à suivre pour réaliser leur projet, le développement ou l’évaluation d’un menu, ou l’élaboration d’un plan de salubrité des aliments.

Cours de cuisine : J’en faisais dans le passé, mais moins maintenant. Je préfère offrir à l’occasion des cours de cuisine à des groupes à but non lucratif dans un esprit d’éducation populaire.

Travail bénévole : J’offre du mentorat pour les apprentis auprès de la North Vancouver Island Chef Association. Je suis également engagée dans plusieurs comités (collecte de fonds et bourse) au sein de l’organisation des Dames d’Escoffier. Cet organisme international regroupe des femmes oeuvrant dans le domaine de la gastronomie et des vins et a pour but de soutenir les femmes qui travaillent dans les métiers dits de « bouche », comme la restauration ou les sommeliers, en distribuant des bourses d’études et du mentorat. Enfin, je suis une membre active d’une équipe de bateaux dragons à Comox, Hope Afloat hopeafloatcanada.ca, groupe qui, en plus de pratiquer ce sport avec enthousiasme, milite à soutenir la lutte contre le cancer.

As-tu suivi une formation?
Oui, j’ai suivi une formation auprès de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec et une formation d’éducation auprès des adultes au Vancouver Community College.
J’aime apprendre et étudier ; je considère être toujours en apprentissage et je suis toujours à l’affût de toute nouvelle formation bénéfique pour moi. Au printemps dernier, j’ai suivi une formation donnée par Tourism Vancouver Island.

Quel a été ton cheminement professionnel?
Jeune femme, je voulais travailler à Via Rail : je suis allée déposer ma candidature dans leurs locaux à Montréal, mais ils cherchaient des personnes bilingues et je ne parlais pas encore l’anglais. Dans l’ascenseur pour quitter le bâtiment, j’ai vu qu’ils embauchaient à la cafétéria de l’hôtel Bonaventure. J’y suis allée et j’ai découvert l’univers de l’hôtellerie et de la restauration qui m’a tout de suite plu. J’ai suivi une formation pendant 3 ans à temps partiel, puis j’ai gravi les échelons. En 1986, nous avons eu un nouveau chef qui venait du sud de la France, j’ai beaucoup appris avec lui et j’ai même songé à aller travailler en Europe. Mais à l’époque, c’était assez compliqué d’obtenir un visa de travail sans une promesse d’embauche. Je suis tout de même allée en Europe par mes propres moyens. En 1986, je suis arrivée à Vancouver pour 6 mois pour Expo 86 et j’ai décidé de rester dans cette belle ville magnifique. Au début de l’an 2000, après près de 15 ans à Vancouver, je suis allée travailler à Prince George et j’ai enseigné la cuisine professionnelle dans un collège communautaire (College of New Caledonia : www.cnc.bc.ca ). 2008 marque un tournant puisque je faisais partie du comité accompagnateur des athlètes canadiens lors des Jeux olympiques de Pékin. En plus de gérer le Bistro des Athlètes, j’ai pu visiter les alentours de la cité interdite et voir quelques compétitions de haut niveau. À mon retour de Chine, je me suis installée dans la vallée de Comox et j’ai fondé Island Gourmet Trail.

Qu’aimes-tu le plus dans ton travail?
Sans hésitation, le contact humain! Je suis constamment en lien avec les élèves, les clients, les agriculteurs, les fermiers, les vignerons et les producteurs. Au contact de toutes ces personnes, je ne cesse d’échanger et d’apprendre. Par exemple, lorsque je donne des cours aux nouveaux arrivants, ils me parlent des coutumes et pratiques dans leur pays et je trouve ces conversations très enrichissantes.

Quel est ton plus grand défi?
De trouver le bon équilibre entre mon travail et mes loisirs. Je suis toujours très occupée et mon travail me passionne. Au cours de ma vie, j’ai heureusement appris à prioriser : je trouve plus facile de gérer mon temps en tant que travailleuse autonome maintenant que lorsque j’ai commencé. La préparation des mes cours et de mes tours me prend beaucoup de temps, mais j’éprouve toujours autant de plaisir à le faire. J’arrive tout de même à continuer à voyager. J’ai plusieurs amis qui attendent la retraite avec impatience, mais ce n’est pas mon cas puisque j’ai la chance de pouvoir m’organiser comme je le souhaite.

As-tu une anecdote ou une blague à partager avec nous?
Souvent je fais rire mes clients lorsque je leur dis que je suis venue à Vancouver pour 6 mois pour apprendre l’anglais, mais comme j’apprends très lentement, je suis toujours là après 32 ans et j’ai toujours un accent! C’est, je crois, ce qui fait le charme de plusieurs francophones!

Quelle est la réaction des gens quand tu leur dis que tu peux les servir en français?
J’ai fait quelques tours en français, mais c’est assez rare et j’apprécie toujours l’opportunité de parler ma langue maternelle. J’aimerais en faire plus et j’espère que le programme « Corridor patrimonial, culturel et touristique francophone national » de la SDE me le permettra.

Si tu étais un mot français, lequel serais-tu et pourquoi?
J’aime le mot « Communauté », qui selon moi est à la base des pays et des quartiers. À partir du moment où l’on se sent intégré dans une communauté, on est plus unis et il y a moins de divisions.

Être francophone ou francophile, est-ce un atout? Ça veut dire quoi?
Oui être francophone est un atout, car en plus d’avoir deux langues, j’ai aussi deux cultures et j’aimerais en avoir plus. Être francophone dans mon domaine de travail est sans aucun doute une valeur ajoutée! Je pense notamment à une amie qui parle français, italien et allemand : plus on connaît de langues, plus on a de choix dans la vie. Même si je vis ici, j’écoute toujours la radio francophone et je suis reconnaissante d’être au Canada, car il est possible pour moi de conserver mes deux cultures.

Propos recueillis par Vanessa Groult