PORTRAIT de Nicole Bertram, fondatrice et propriétaire de l’atelier de couture : The Spool Sewing Studio

La couture se définit par la fabrication d’un vêtement ou par l’assemblage de deux ou plusieurs pièces à l’aide d’un fil à coudre que l’on passe dans une aiguille. La couture est née de notre besoin primaire de vouloir se vêtir pour se protéger puis est devenue, au fil des siècles, un art qui ne s’effiloche pas.

L’histoire de la couture ne serait tenir dans un dé à coudre, en témoignent les nombreuses expressions de la langue française comme « De fil en aiguille » qui signifie passer progressivement d’une chose à la suivante dans les propos ou encore « Faire passer un chameau par le chas d’une aiguille » : tenter quelque chose d’impossible ou de très difficile.

Quand je suis allée rencontrer Nicole dans son nouvel atelier, j’ai découvert un espace chaleureux et détendu. Que vous soyez débutant ou expert en couture, son atelier, The Spool Sewing Studio vaut le détour. Elle propose à la fois des cours et des sessions sans rendez-vous, mais aussi plusieurs tissus et patrons originaux.

Quelles raisons t’ont poussée à ouvrir ton atelier de couture ?
J’adore coudre et je suis très extravertie, ce qui est drôle puisque d’ordinaire la couture est plutôt considérée comme une activité introvertie. La création de mon propre atelier de couture m’a permis d’allier ma passion avec mon caractère. Guider et montrer aux personnes autour de moi est comme une seconde nature et j’ai beaucoup de plaisir à transmettre ma passion.

Lorsque j’ai décidé d’ouvrir mon atelier de couture il y a huit ans, je voulais créer un endroit unique tout droit sorti de mon imagination ! Je voulais vivre de ma passion tout en restant fidèle à mes valeurs; je ne voulais pas devenir dessinatrice et travailler pour une marque qui produirait toujours le même article en masse. J’avais vraiment envie de créer des vêtements uniques et différents; j’aime pouvoir travailler sur différents projets de couture, ça me permet d’en apprendre davantage à chaque fois.

Enfin, je voulais apporter mon savoir-faire à la communauté et créer un espace accueillant et chaleureux où pourraient se retrouver couturiers débutants et avancés. Bien souvent quand on coud, on le fait seul chez soi : ce qui attire beaucoup de mes clients, c’est le côté social et convivial de notre atelier.

Quels services offres-tu ?
J’offre des cours pour enfants par petits groupes où les âges sont mélangés ce qui permet à ceux qui ont le plus d’expérience d’aider ceux qui en ont moins. Ils travaillent ensemble en équipe et s’aident tous entre eux ce qui crée une belle ambiance de partage. Parfois les jeunes aident les adultes et ils en retirent ainsi beaucoup de fierté, car ils vivent la situation inverse au quotidien à l’école.

J’offre aussi des cours pour adultes où on se concentre autour de petits projets comme la réalisation de robes, de tabliers et de courtes-pointes. Il y a aussi des ateliers de couture sans instruction, chacun vient avec un projet différent.

En plus des ateliers de couture, je vends du matériel comme les tissus, les patrons et les outils. Je ne choisis que des tissus de qualité, en bambou, en lin ou écologiques. Les patrons ou modèles de couture que je propose proviennent de dessinatrices indépendantes : je soutiens ainsi des artistes avec qui je partage des valeurs.

As-tu fait des études ou suivi une formation particulière ? 

Je suis autodidacte : j’ai sélectionné ce que je voulais apprendre et je me suis créé une formation sur mesure. Ça n’a pas été facile, je me suis lancée dans plusieurs projets à la fois en m’inspirant de livres ou de vidéos, mais j’ai beaucoup appris en faisant des erreurs. Aujourd’hui, j’ai du plaisir à partager mes maladresses avec les clients. Grâce à mon apprentissage sur le tas, il est plus facile pour moi d’expliquer avec précision quelle est la meilleure méthode et pourquoi. Quand les apprentis se trouvent devant une impasse, je sais exactement ce qu’ils ressentent et ce qu’il faut faire et ça crée une bonne complicité entre nous.

Quel a été ton cheminement professionnel ?

Quand j’étais au secondaire, j’ai suivi quelques cours et ma mère m’avait montré quelques bases. C’est dans ma vingtaine que j’ai commencé à être passionnée par la couture. Je travaillais la journée dans un café et le soir, jusque très tard dans la nuit, je travaillais sur mes projets de couture. J’aimais beaucoup le côté social de mon emploi au café : j’ai pu y développer plusieurs compétences comme la communication, la patience, la gestion et la rédaction de manuels de formation. À cette époque, je formais les nouveaux baristas et déjà j’avais du plaisir à partager mes connaissances ou mes recherches sur des sujets variés. Le côté social de l’atelier me rappelle celui du café. Je donnais aussi mes premiers cours de couture dans mon salon.

Qu’aimes-tu le plus dans ton travail ?

L’émerveillement dans les yeux des adultes quand ils ont créé et réalisé leur premier projet de leurs propres mains. Ou lorsque les enfants réalisent que les vêtements qu’ils portent ont été cousus par une autre personne et qu’ils sont capables de faire la même chose, c’est vraiment un beau moment. Dans tous les cas, les clients sont très fiers d’eux et prennent confiance dans leurs nouvelles compétences de couture.

Quel est ton plus grand défi ?

L’organisation et la gestion administrative du calendrier et de la programmation. Lorsque j’ai une heure devant moi et que j’ai le choix entre vérifier les factures et travailler sur un nouveau projet de couture, je choisis la couture. Mon conjoint va s’occuper de toutes les tâches administratives, ça va me faciliter la vie.

Si tu étais un mot français, lequel serais-tu et pourquoi ?

Scintillant, car j’aime ce mot et il définit bien ce que représente la couture pour moi. Pour moi la couture brille de mille feux et je suis attirée par elle comme un aimant. J’aime utiliser plusieurs de mes compétences comme mon énergie, ma créativité, ma façon de communiquer et d’interagir avec la communauté pour réaliser mes projets de couture.

Être francophone ou francophile, est-ce un atout ?

Oui c’est un atout pour moi quand je voyage, car ça me donne une ouverture d’esprit sur les autres cultures. Mais aussi sur le plan personnel, je veux conserver la langue de mes ancêtres francophones qui remonte à Pierre Leféfvre qui est arrivé dans les années 1620 au Québec. Je compte aussi parmi mes ancêtres une fille du roi. Les deux dernières générations de ma famille sont anglophones et je veux transmettre la langue française à ma fille. J’ai à cœur de perpétuer et de préserver cette connexion avec mes ancêtres et ma famille qui représente le fil de la continuité, mais aussi celui de la couture. Je voudrais prochainement offrir des cours en français dans mon atelier de couture et je suis en plein apprentissage du vocabulaire en français.

Propos recueillis par Vanessa Groult

 

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